Accès à l’EFTP
1. Structurer la formation professionnelle informelle
L’économie informelle est, de loin, la plus grande pourvoyeuse d’emplois en Afrique. Pour beaucoup de ses acteurs, l’enjeu n’est pas tant de « formaliser » la formation professionnelle informelle, que de l’aider à se structurer et à se consolider, avec pour objectif de voir ses formations reconnues par les autorités nationales.
- Dans ce contexte, l’appui au développement de mécanismes de validation des acquis de l’expérience (VAE) et de reconnaissance des certifications, comme l’IIPE-UNESCO Dakar l’a fait récemment avec la Mauritanie, répond à un besoin prégnant dans tous les pays africains.
- Plus largement, l’Institut promeut et accompagne la simplification et l’harmonisation des dispositifs de certification des compétences au niveau national mais aussi entre les pays au niveau régional.
2. Garantir l’accès et l’inclusion des groupes vulnérables dans l’EFTP
Le constat est unanime : les jeunes hommes urbains accèdent beaucoup plus facilement que les autres à l’offre « formelle » de formation professionnelle en Afrique. Permettre aux filles et aux femmes, aux populations rurales et aux déplacés internes d’avoir un accès équitable à l’EFTP est un enjeu majeur.
Il en est de même pour l’inclusion des personnes en situation de handicap dans les dispositifs de formation professionnelle, qui jusqu’ici reste un chantier embryonnaire. Pour articuler les besoins spécifiques de ces groupes vulnérables et ceux du marché du travail, une planification sensible à ces thématiques est nécessaire.
Employabilité des jeunes
3. Renforcer le continuum éducation > formation professionnelle > emploi
Dans un contexte de très forte pression démographique, l’insertion professionnelle reste en ligne de mire des politiques gouvernementales. Celle-ci passe avant tout par une éducation de base de qualité, qui est le socle fondamental pour accéder aux formations professionnelles et, in fine, à l’emploi. « Pour être formés comme plombier, mécanicien ou même ingénieur de haut niveau, les jeunes doivent d’abord avoir des acquis fondamentaux en lecture, en écriture, en calcul, et des compétences de la vie quotidienne » rappelle Koffi Segniagbeto,
chef du bureau de l’IIPE-UNESCO Dakar.
Assurer le continuum entre éducation, formation professionnelle et emploi est le coeur du travail de l’IIPE-UNESCO Dakar sur le volet de l’EFTP.
- L’Institut contribue à établir et développer des synergies durables entre les autorités ministérielles en charge de ces domaines.
- La production de nouvelles connaissances sur ces enjeux est déterminante pour éclairer les politiques publiques et innover.
- Enfin, l’appui technique au développement de systèmes d’information pour anticiper et identifier les besoins en emplois et compétences des marchés du travail répond à une demande forte des pays.
4. Impliquer durablement le secteur privé
Les expertes et experts de l’EFTP en Afrique semblent désormais partager une même conviction : mobiliser le secteur privé est incontournable si l’on veut renforcer les systèmes d’EFTP et développer durablement l’employabilité des jeunes.
Il s’agit donc d’encourager les acteurs privés à contribuer concrètement à la planification stratégique du sous-secteur de l’EFTP et à la mise en oeuvre des politiques.
Au niveau local, cela pourrait passer par la mise à disposition d’équipements et de ressources humaines par le secteur privé pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et aligner la formation des formateurs avec les réalités du marché.
- Développer, animer et fédérer des réseaux d’acteurs privés et publics de l’EFTP est une expertise clé développée par l’IIPE-UNESCO Dakar en Afrique ces dernières années. Grâce à plusieurs mécanismes de dialogue et de concertation, des partenariats sont nés au Burkina Faso, en Mauritanie, au Sénégal, et bientôt en République centrafricaine.
5. Renforcer la transition numérique et écologique de l’EFTP
L’enjeu est vaste et les défis immenses. D’une part, l’EFTP doit accélérer sa transformation numérique pour former efficacement les jeunes aux métiers et compétences numériques, de même que structurer la digitalisation des outils et des modalités de formation, que la pandémie de COVID-19 a contribué à accélérer. D’autre part, face à l’urgence climatique et aux crises continues, les questions écologiques devront désormais guider systématiquement les stratégies et politiques d’EFTP des pays du continent.
À travers ses appuis à la planification de l’EFTP,
l’IIPE-UNESCO sensibilise les décideurs politiques à ces thématiques prioritaires, au plus haut niveau des instances ministérielles. L’Institut est aussi amené à produire de nouvelles connaissances sur ces sujets, pour éclairer les politiques et les décisions en faveur de la transition numérique et écologique de l’EFTP – et aider les acteurs à passer à l’action.
6. Aligner l’offre locale de formation sur les réalités économiques
Les entreprises implantées dans les capitales des pays africains ont souvent des besoins en compétences très différents de celles situées dans des zones rurales. Si la décentralisation des systèmes d’EFTP est en train de s’amorcer sur le continent, elle est encore loin d’être aboutie.
- Développer des cadres de partenariat public-privé au niveau local est une étape incontournable pour articuler de manière pérenne les besoins des entreprises et des centres de formation. Cela tout en inscrivant les stratégies locales dans les politiques et orientations insufflées au niveau central.
- À une autre échelle, l’Institut promeut la mutualisation des ressources et des outils de la formation professionnelle entre États, à travers le développement et l’animation de réseaux multi-pays.
- Enfin, l’appui au déploiement de systèmes d’information performants, pour identifier et suivre de près les besoins locaux et nationaux du marché du travail répond à une demande forte des acteurs.
Qualité
7. Professionnaliser la formation des formateurs
C’est l’un des premiers facteurs qui influencent la qualité des enseignements techniques et professionnels dispensés aux apprenants. En Afrique, le profil des formateurs et formatrices est très variable. La planification des besoins en formateurs est souvent lacunaire, et les établissements spécialisés en formation de formateurs peu nombreux et faiblement dotés en ressources.
De plus, 70 % des formateurs en EFTP n’auraient pas d’expérience récente dans des entreprises de leur secteur ; cela montre au passage la faible implication des entreprises dans les formations délivrées.
L’IIPE-UNESCO Dakar met son expertise à la disposition des pays pour accompagner la planification des besoins en formation des formateurs, à travers, par exemple, le développement et l’appui à des réseaux de centres de formation engagés dans l’immersion professionnelle des formateurs.
8. Renforcer les capacités de gestion des acteurs et des systèmes de l’EFTP
La gouvernance et la gestion sont quelques-unes des principales faiblesses des systèmes d’EFTP en Afrique. Les acteurs manquent souvent de vision globale et d’outils méthodologiques et techniques pour collaborer et répondre ensemble à leurs objectifs communs.
Si le renforcement des capacités est un chantier transverse pour améliorer la qualité de l’EFTP, certains besoins spécifiques ont été pointés. Parmi eux, un accompagnement renforcé des Observatoires nationaux de l’emploi et de la formation professionnelle (ONEF), pour aider tout l’écosystème à identifier les besoins des marchés de l’emploi. Le renforcement des capacités des acteurs à planifier et gérer l’éducation et la formation est au coeur du mandat de l’IIPE-UNESCO. C’est dans ce cadre que sont développées et dispensées des formations de haut niveau (à l’image de la formation au Pilotage et gestion de l’EFTP lancée en 2020).