Polemag #33 : Répondre à la crise des apprentissages

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©UNESCO/Emily Pinna
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ÉDITO - THERREZINHA FERNANDES KINKIN, CHEFFE DE BUREAU DE L’IIPE-UNESCO DAKAR

L’impératif d’une éducation accessible à tous, énoncé depuis les années 2000, a déclenché une vague historique de scolarisation en Afrique. Les pays et leurs partenaires se sont mobilisés, permettant à des millions d’enfants d’accéder à l’éducation. Cependant, une question persiste : ces élèves acquièrent-ils le niveau requis à la fin de leur cursus de base ? Les statistiques sont éloquentes : à la sortie du primaire, 70 % des enfants de 10 ans peinent à lire un texte simple, certains ne parvenant même pas à écrire leur propre nom.

Face à cette crise de l’apprentissage, le bureau de Dakar de l’Institut international de planification de l’éducation (IIPE) de l’UNESCO a lancé en 2018 un programme d’appui au pilotage de la qualité de l’éducation en Afrique subsaharienne, avec le soutien de l’Agence française de développement. Pour remédier aux causes sous-jacentes de l’échec scolaire, ce programme a initié une méthode nouvelle, consistant à identifier, à l’intérieur du système, les problèmes et les initiatives novatrices, en collaboration avec les communautés éducatives. Dans le cadre de l’application de la méthodologie du programme, les ministères de l’éducation des pays partenaires ont envoyé des équipes de cadres sur le terrain. Leur immersion dans les écoles, les inspections académiques et les ministères a généré des informations cruciales relatives aux forces et faiblesses de leur système éducatif et aux pratiques professionnelles de ses acteurs.

En six ans, 15 pays ont bénéficié de ce programme, conduisant, à la suite de la phase d’identification des problèmes et initiatives novatrices, à des propositions d’améliorations expérimentées concrètement avec le soutien de l’IIPE. Le Sénégal, par exemple, a constaté le manque d’accompagnement pédagogique de ses enseignants et a élaboré des moyens pour un meilleur suivi. De même, le Niger a pris conscience de l’exploitation insuffisante de ses données sur l’enseignement et envisage désormais des rencontres communales entre maires, enseignants et parents d’élèves pour trouver des solutions aux difficultés identifiées grâce à une analyse fiable des données scolaires. Au Niger encore, des équipes formées par l’IIPE ont identifié une approche inspirante consistant à former des petits groupes de travail supervisés par des élèves tuteurs. Ce qui était autrefois une réponse spontanée aux problèmes des classes pléthoriques et de manque de temps d’apprentissage est désormais une méthode validée par les établissements de formation des instituteurs. 

Le succès de l’approche de l’IIPE se traduit aussi par l’appui aux instituts nationaux de formation des corps d’encadrement de l’éducation pour créer des modules de formation sur le pilotage de la qualité au bénéfice des cadres nationaux, garantissant ainsi la pérennisation des réalisations.

Avec la fin du programme prévue en juin 2024, notre institut travaille désormais à intégrer la richesse de cette expérience de soutien au pilotage de la qualité de l’éducation dans son offre, en lien avec sa priorité n° 1, améliorer l’apprentissage par la planification et la gestion, dont l’objectif principal est d’accompagner les pays à mettre en place les conditions essentielles pour la réussite de tous les enfants.

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