Améliorer l’école avec les données locales, l'initiative Shawara Karatu
Au Niger, les données scolaires pourraient livrer un tableau précis des difficultés locales en matière d’éducation. Aidé par l’IIPE-UNESCO et son Programme d’appui au pilotage de la qualité de l’éducation soutenu par l'Agence française de développement, le pays cherche à mieux enregistrer et analyser ces informations pertinentes pour l’élaboration de dispositifs pédagogiques adaptés aux besoins.
*Cet article concerne des activités menées avant juillet 2023
Au Niger, les lacunes des élèves inquiètent. Les autorités éducatives sont mobilisées pour améliorer ces apprentissages, mais encore faut-il connaître les difficultés exactes, parfois propres aux réalités locales. Si le pays disposait d’une base de données scolaires fiable et utilisée par des personnes mandatées, il pourrait identifier précisément les problématiques responsables des faibles performances.
C’est la conclusion à laquelle sont parvenues les équipes formées par l’Institut International de planification de l’Éducation de l’UNESCO, lors d’observation dans les écoles, les inspections éducatives, ainsi qu’au ministère de l’Éducation nationale du Niger, dans le cadre du Programme d’appui au pilotage de la qualité de l’éducation de l’IIPE-UNESCO soutenu par l'Agence française de développement.
Des informations capitales
Parmi les données scolaires archivées au Niger, on trouve les statistiques scolaires, les résultats d’évaluations et différents rapports : trimestriels, de rentrée, d’inspection, etc. Ces informations qui pourraient en dire long sur la réussite des élèves et les difficultés rencontrées aux quatre coins du pays sont généralement transmises sans problème à chacun des degrés de l’administration ; mais dans l’unique but de montrer qu'une étape de l'année scolaire est terminée
L’exploitation de ces données pourrait pourtant permettre de tirer des leçons à prendre en compte pour élaborer des dispositifs pédagogiques ou organisationnels adaptés aux besoins. Fort de ce constat, le Niger a lancé l’initiative Shawara Karatu, qui signifie « Dialogue et concertation sur l’éducation » en haoussa (une des langues nationales), toujours avec l’appui de l’IIPE-UNESCO.
L’objectif de cette action : que chacune des 266 communes du Niger - compétentes en matière de gestion de l’éducation de base mais aux moyens matériels et financiers très variables - puisse facilement mobiliser et exploiter les données scolaires la concernant, échanger sur les difficultés identifiées ; puis agir sans tarder sur ces problèmes réels.
Des données qui poussent à l’action
Une première expérimentation de Shawara Karatu a été menée dans deux communes nigériennes. Pour chaque localité, les données scolaires archivées ont été analysées. Afin d’avoir la vision la plus précise possible des obstacles auxquelles la commune fait face, des entretiens ont été menés avec les personnes impliquées dans l’éducation sur le terrain.
Lors de ces rencontres aussi nommées « Journées communales de suivi des acquis scolaires (JCSAS) », sont réunis les acteurs jouant un rôle dans l’éducation sur la localité, tels que les inspecteurs, directeurs d’école, chargés d’évaluation, mais aussi les agents de mairie, les élus locaux, les associations et les chefs de village ou religieux. Des personnes n’ayant pas en temps normal l’occasion d’échanger sur ces sujets cruciaux que sont la scolarisation et la réussite de leurs enfants, à partir d’informations qui les concernent directement.
A l’issue des débats, il a été décidé de mettre en œuvre des actions prioritaires pouvant être accomplies en moins de trois mois. « Partir des données permet d’avoir une vision précise de ce qui se passe sur la commune », selon Moussa Hamani Ounteni, expert en planification et analyse institutionnelle à l’IIPE-UNESCO. « Les participants aux Journées communales étudient ces questions urgentes sous toutes leurs coutures et recherchent ensemble des solutions pour les surmonter ». Deux à trois fois par an, une nouvelle rencontre est organisée pour évaluer l’efficacité des changements mis en place et en proposer de nouveaux.