Éducation et formation au Burundi : des priorités dans un environnement contraint

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Malgré un contexte économique contraint, le Burundi a fait le choix d’investir dans sa jeunesse et son avenir. Ces cinq dernières années, le pays a consacré le quart de son budget (hors service de la dette) et le tiers de ses dépenses courantes à l’éducation et à la formation, soit bien plus que la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne. Cependant, l’espérance de vie scolaire au Burundi (7,4 ans) en 2018 était plus faible que dans les pays voisins (8,1 ans) en lien avec un niveau de redoublement exceptionnellement élevé. Et le nombre d’enfants en dehors du système éducatif reste également élevé (près de 2 millions), même si leur proportion a quelque peu baissé, passant de 44 % en 2010 à 39 % en 2017.

L’objectif encore éloigné d’une éducation de qualité pour toutes et tous

Le Burundi a fait des progrès en ce qui concerne la participation au cycle fondamental, mais l’efficacité interne reste faible. Le taux d’achèvement du fondamental est ainsi estimé à 34 %, avec des niveaux importants de redoublements et encore plus d’abandons.

La qualité de l’éducation n’est pas non plus reluisante. Si les performances sont plutôt bonnes en début de scolarité (2e année du fondamental), elles peinent à atteindre des niveaux désirables en 4e du cycle fondamental ou encore en 6e année du même cycle d’apprentissages. Selon le rapport PASEC2019, en 6e année du fondamental, le pourcentage d’élèves au-dessus du seuil suffisant de compétences atteint difficilement 30 % en lecture et avoisine 60 % en mathématiques. Ces indicateurs sont en net recul par rapport à leurs niveaux de 2014.

Le système éducatif est également particulièrement inégalitaire. Les chances de scolarisation sont moindres pour les filles, les ruraux et les enfants les plus pauvres. Ces inégalités sont relativement peu présentes à l’accès au fondamental mais s’accroissent au fur et à mesure du parcours scolaire. Les enfants ruraux ont ainsi trois fois moins de probabilités de terminer le cycle post-fondamental que les enfants vivant en ville (11 % contre 33 %). Sur 100 enfants ayant atteint le post-fondamental, sept sont issus des ménages les plus pauvres et 49 proviennent des ménages les plus aisés. Finalement, les urbains et les plus riches s’approprient respectivement sept et dix fois plus de ressources éducatives que les ruraux et les plus pauvres.

On note aussi un manque d’équité structurelle. Les 10 % les plus éduqués, qui appartiennent également aux couches les plus aisées de la population, bénéficient ainsi des deux tiers des ressources publiques d’éducation. Une part disproportionnée des ressources est consacrée à l’enseignement supérieur, aux dépens de l’EFTP (le Burundi est un des pays d’Afrique subsaharienne finançant le moins ce sous-secteur). En conséquence, un étudiant du supérieur public coûte au moins 20 fois plus cher que son homologue de l’EFTP et 45 fois plus cher qu’un élève du primaire public.

Le secteur de la formation professionnelle à promouvoir

Le Burundi est un pays extrêmement jeune, 61 % de la population ayant moins de 25 ans en 2020. Les besoins potentiels d’éducation et de formation sont donc immenses. La demande d’EFTP et d’enseignement supérieur devrait ainsi croître de 45 % d’ici 2030.

Si le secteur de l’EFTP reste actuellement assez déconnecté des besoins du marché du travail, il a toutefois fait l’objet d’une loi-cadre et un cadre national de qualifications et certifications est en train d’être mis en place. Ce nouveau cadre est susceptible d’améliorer le positionnement du dispositif d’EFTP et de favoriser la mobilité entre cycles d’éducation. Il pourrait également faciliter l’instauration de partenariats public-privé, essentiels à la constitution d’un système d’EFPT efficace et soutenable.