Formation en planification sensible aux crises : bilan de la première édition en français

Pour prévenir, préparer et atténuer l’impact des catastrophes naturelles et des conflits sur les systèmes éducatifs, la planification est clé. Encore faut-il pouvoir utiliser les données relatives à l’éducation en situation d’urgence, qui font si souvent défaut. Comprendre les enjeux de l’information statistique dans les contextes de déplacement de population, collecter et analyser les données de qualité, cartographier les risques, exploiter la data pour suivre et évaluer les apprentissages… autant de thématiques abordées dans une formation très riche de l’IIPE qui vient de s’achever. Retour d’expérience.

En bref

« Utiliser les données et les informations pour une planification de l’éducation sensible aux crises » : un cours en ligne de neuf semaines dispensé entre janvier et mars 2022.

  • 49 participantes et participants de 13 pays d’Afrique francophone, issus de ministères, d’organisations internationales ou régionales, de partenaires techniques…
  • Une formation spécialisée privilégiant la pratique, basée sur des outils et méthodes analytiques, des études de cas et le partage d’expériences entre pays. 
  • Au terme du cours, la quasi-totalité des participantes et participants ont jugé le cours utile et pertinent pour leur activité professionnelle.
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Training in Crisis-sensitive planning
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Training in Crisis-sensitive planning

Violences au Sahel, cyclones et inondations en Afrique australe : les contextes de crise sont souvent marqués par le manque de données cohérentes et actualisées sur l’éducation. Ces informations sont pourtant indispensables pour planifier l’éducation en situation d’urgence… et donc permettre aux ministères d’assurer la continuité des enseignements, de protéger les investissements dans l’éducation et la formation, et parfois même de sauver des vies. 

De la collecte de données fiables à leur intégration dans les SIG

Tout au long de la formation, les 49 participantes et participants ont pu se familiariser avec un ensemble d’outils et de méthodes d’analyse du secteur de l’éducation sensible aux crises. Ils ont notamment découvert et exploré des bases de données ouvertes relatives aux crises humanitaires et aux conflits, comme ACLED où INFORM. La formation leur a en outre donné l’occasion de réaliser une étude décrivant le profil de risque de leur pays. Mais aussi d’examiner les effets des conflits et des catastrophes sur l’éducation – ou à l’inverse, de comprendre le rôle potentiel de l’éducation dans l’atténuation ou l’aggravation des crises.

La formation leur a en outre donné l’occasion de réaliser une étude décrivant le profil de risque de leur pays. Mais aussi d’examiner les effets des conflits et des catastrophes sur l’éducation – ou à l’inverse, de comprendre le rôle potentiel de l’éducation dans l’atténuation ou l’aggravation des crises. 

Jean-Noël Geneviève
Administrateur au ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie de l’Île Maurice.

Dans ce cours en ligne, il aura aussi largement été question du cadre de suivi et d’évaluation de l’offre d’éducation dans les contextes d’urgence - et notamment l’intégration de données sensibles aux crises dans les systèmes nationaux d'information sur la gestion de l'éducation (SIGE). « Je retiens que les ministères de l’Éducation ont tendance à réduire les SIGE à une campagne statistique annuelle, alors que c’est un outil beaucoup plus large, qui doit intégrer le budget, les données sur les crises, etc. Pour améliorer les SIGE, nous devons développer la culture statistique au sein des ministères mais aussi auprès des producteurs ‘primaires’ de données. C’est-à-dire le personnel enseignant et les directions d’établissement, qui sont à l’origine des remontées d’informations », remarque Ndeye Yacine Fall, Conseillère en statistiques au bureau de l’UNESCO au Sénégal, qui a elle aussi suivi cette formation.

Ce cours va m’aider dans l’analyse de notre système éducatif dans le contexte des conflits et des déplacements de populations internes. Je vais pouvoir reporter des données pertinentes et développer des approches pour promouvoir la continuité éducative dans mon pays.

Benoît Paré
Inspecteur de l’enseignement secondaire, administration publique du Burkina Faso

Suite à la formation, quelles applications ?

Évoluant à différents niveaux du secteur de l’éducation et de la formation dans 13 différents pays africains, les participantes et participants ont eu l’occasion de partager leur expérience, leurs impressions et leurs perspectives au terme des neuf semaines de cours. Si certains, au niveau central ou déconcentré, entendent tirer rapidement parti des connaissances acquises pour faire évoluer leurs procédures de gestion des risques et des données, d’autres ont salué la pertinence des lectures et des ressources recommandées par l’IIPE, en écho à leurs besoins professionnels à plus long terme.

Cette formation a été très bénéfique pour moi, notamment sur la question des sources de données. Jusque-là, nous ne collections pas les données relatives aux aléas impactant les établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels. Nous allons maintenant pouvoir commencer cette analyse pour ensuite l’utiliser dans une démarche de planification de l’EFTP sensible aux crises.

Patricia Raviniaina
Cheffe du service des études et de la planification au ministère de l'Emploi, de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle de Madagascar

Une formation saluée pour sa pertinence et la richesse des contenus

Financée avec le concours du Service des instruments de politique étrangère de l'Union européenne (EU-IPE), la formation a été développée par les équipes de l’IIPE à Paris et Dakar, en partenariat avec le Réseau sur les politiques et la coopération internationales en éducation et en formation (NORRAG). Après une première édition organisée en 2021 auprès d’un public anglophone, ce cours certifiant a été décliné en français et adapté aux besoins spécifiques du continent africain en matière d’éducation en situation d’urgence. 

97 % 
des participantes et participants estiment que ce cours est très pertinent ou pertinent pour leur travail actuel.

La formation s’est articulée autour de trois modules successifs, alliant travail en autonomie et travaux de groupe sur la plateforme du Campus virtuel de l’IIPE. Quatre webinaires thématiques ont complété le programme en abordant, entre autres, les questions du changement climatique ou du genre dans la planification de l’éducation sensible aux crises.

J’ai apprécié la manière dont cette formation s’est déroulée, dans une entente parfaite avec l’équipe de l’IIPE et les collègues des autres pays. Je suis fier d’avoir pu suivre ce cours, c’est un atout pour la vie professionnelle. Nous avons aussi beaucoup appris des différents experts mobilisés dans les différents webinaires.

Dieudonné NSENGIYUMVA
Conseiller au Bureau de la planification et des statistiques de l'éducation, Chef de service Documentation et Information, Ministère de l’Education Nationale et de Recherche Scientifique, Burundi

Cette formation a aussi été marquée par la disparition brutale, début mars, de Natalie Frédéric, Assistante de programme à l’IIPE-UNESCO depuis de longues années, qui faisait partie de l’équipe du cours. Les participantes et participants ont pu partager leur tristesse et leurs souvenirs lors d’un hommage donné à Natalie lors de la cérémonie de clôture de la formation.

Ce cours en ligne sur l’utilisation des données et des informations pour une planification de l’éducation sensible aux crises contribue à l’effort de l’IIPE-UNESCO Dakar en faveur de l’amélioration de la réactivité des systèmes éducatif africains. Il est fondé sur une conviction profonde : l’équité et inclusion doivent être au cœur des priorités des systèmes éducatifs, y compris en temps de de crise.